📚 Bientôt tous narrateurs d'expériences ?
#06 - "Un futur sans code où les développeurs se transforment en narrateurs d’expériences"
Parfois, on tombe sur des articles un peu bof du derche, mais dont un élément distillé ici ou là résonne d'une façon particulière.
Vous savez, le genre de truc qui vous fait vous exclamer "Ah !" façon Denis Brogniart, qui vous fait percevoir quelque chose sous un angle nouveau, avant de se répercuter en échos dans les cavités de votre caboche.
C'est ce qu'il s'est passé avec ce papelard.
Sur le fond, je n'ai pas appris grand chose. Sur la forme, ça pue le ChatGPT remanié à la truelle.
Pourtant, j'ai québlo sur un élément : le titre.
"Un futur sans code où les développeurs se transforment en narrateurs d’expériences".
Et si ça a autant résonné chez moi, c'est sans doute que j'ai reçu dernièrement un mail de mon alter ego quasi trentenaire, et qui me faisait remarquer de façon presque candide :
"Toutes ces conneries de SEO, de marketing et de néologismes à la mords-moi le nœud t'ont épuisé. T'as eu envie de changer d'air. En ce moment, enfin, depuis quelques semaines, tu t'intéresses beaucoup au narrative design. Tu bouquines des trucs sur la dramaturgie, sur l'art du récit interactif."
À l'époque déjà, quand je lisais Rivierre, Lavandier et compagnie après avoir passé 5 ans et quelques à torcher du contenu SEO en agence (ce qui avait complètement défiguré ma perception du contenu texte), j'avais acquis la certitude que le récit est plus qu'un simple outil pour divertir ou informer la plèbe, qu'il a le pouvoir de transformer, d'éduquer, de connecter les gens à un niveau profondément humain - mythologique, même.
Dans le jeu vidéo, le narrative design, c'est cette capacité à tisser des histoires, à construire des mondes, à modeler des expériences qui, justement, engagent, éduquent et transforment. C'est d'ailleurs un champ qui transcende la simple écriture pour s'ancrer dans la conception même de l'expérience utilisateur - qu'elle soit digitale, littéraire ou ludique.
Et c'est là où ça devient rigolo.
Dans notre quotidien saturé d'infobésité morbide, se distinguer, pour une entreprise, réside de plus en plus dans sa capacité à raconter une histoire cohérente.
C'est le sujet de l'article "Distribute Ideas, Not Content" chez Animalz, dont je vous parle plus bas dans le menu du jour : une stratégie de contenu efficace, ce n'est pas une stratégie qui produit tout un tas d'assets sur tout un tas de canaux, mais une stratégie capable de raconter une histoire cohérente à travers une idée centrale puissante.
Vous le savez, je le sais - je ne vous apprends rien - les consommateurs ne recherchent plus seulement des produits ou des services ; ils recherchent des histoires qui résonnent avec leurs propres expériences (et comme de par hasard, lorsqu'on utilise une surcouche narrative pour communiquer un message, les gens s'en souviennent 22 fois plus que des faits ou des chiffres seuls).
Comme je vous le disais, c'est là où ça devient marrant, car les créatifs, souvent relégués au second plan au sein des boîtes, émergent désormais comme des acteurs clés de la croissance d'une entreprise, tant au niveau de l'opérationnel (faut bien les monter, les podcasts et les vidéos) que des stratégies déployées.
Idem avec l'IA générative : qu'il s'agisse d'accoucher d'un visuel sur Midjourney ou de créer un agent GPT utile grâce au prompt adéquat, difficile d'arriver à quoi que ce soit de tangible si l'on ne se creuse pas le crâne avec un minimum d'imagination. Abricot sur le gâteau : il faut faire tout ça en veillant à la cohérence narrative, identitaire et artistique des outils ou des assets générés pour l'entreprise...
Il semblerait donc que l'on se trouve à une espèce d'époque charnière pour les créateurs de contenus, où il n'est plus simplement question de "faire du contenu" pour exister et s'imposer (s'il en était jamais question) mais de construire un récit de marque qui "fait sens" pour fédérer et renouer avec l'humain, d'autant plus aujourd'hui à l'ère des palettes de contenus insipides créés en masse par des gens qui font joujou avec l'IA générative.
C'est dans ces conditions que les créatifs deviennent des narrateurs d'expérience, des architectes qui veillent à ce que chaque pièce de contenu, chaque campagne, chaque point de contact avec la marque contribue à construire et à renforcer le récit global, cette unique idée martelée auprès de l'audience.
Je laisse la parole à Animalz pour la fin :
It's not about churning out more content; it's about making every asset serve a bigger story. [...] By continually rallying our content around one big idea, we’re not just boosting short-term metrics. We’re shaping the conversation in our industry and cementing our brand as a thought leader.
Bref, tous narrateur·ices d'expériences demain ? À vous de me dire.
Allez, au menu du jour :
L'article :
[Interview] Le content marketing, ce hobby rémunérateur pour des gens qui se pensent écrivains
La veille :
Que faire quand les collègues de votre boîte écrivent ce qui leur passe par la caboche ?
Distribuez des idées, pas du contenu
Le blogging est dead... ou pas ?
... En fait, p'têt que si, c'est vraiment dead
D'ailleurs, cette rédactrice s'est faite grand-remplacer, elle
Quand l'IA générative est entraînée sur de l'IA générative
Une amorce de commencement de début pour la vie privée aux States ?
Quand tu mets n'importe quoi pour ton nom de boutique
Point culture :
La Question pas si con
Perso :
La fabuleuse rencontre
💡 Distribuez des idées, pas du contenu
Je plaide coupable, je suis particulièrement friand en ce moment des stratégies de contenus qui sortent des sentiers (re)battus ; dans une précédente édition, je vous parlais d'un article de chez Animalz qui prônait de penser stratégie de distribution plutôt que contenu feurste.
Ces mêmes lascars reviennent cette fois avec le constat suivant : une stratégie de contenu efficace, c'est une stratégie simple, centrée autour d'une grande idée plutôt que sur des documents verbeux et complexes - chose que les agences parisiennes ont tendance à oublier, mais il faut bien justifier les 50k de stratégie éditoriale vendue auprès du client.
L'article souligne ainsi que le vrai pouvoir d'une strat' de contenu ne réside pas dans la quantité de machins que l'on peut produire, mais dans la capacité à raconter une histoire cohérente à travers une idée centrale puissante.
Même si cette observation ne devrait pas nous surprendre - on en revient aux fondamentaux, marteler un unique message fort - l'approche n'en reste pas moins intéressante, avec un objectif final qui ne manquera pas de trouver certains échos avec l'édito de cette édition : créer une histoire cohérente qui est plus puissante que la somme de ses parties.
🤪 Que faire quand les collègues de votre boîte écrivent ce qui leur passe par la caboche ?
Problème classique auquel nous avons toutes et tous été confronté au moins une fois dans notre triste vie de plume : vous venez d'être missionné·e par une boîte (ou venez d'être embauché·e), et vous vous apercevez qu'il n'y a aucune cohérence entre les messages écrits de la marque - pis encore, que chacun y va de sa propre patte, façon gloubi boulga casimiresque.
La solution ? Pondre un guide de style éditorial, pardi !
Ce chouette petit article (qui devrait circuler dans toutes les mains liées de près ou de loin à la production de la soupe textuelle) détaille l'ensemble du process pour mener à bien sa confection.
Sans véritable surprise, l'essentiel du taf consiste à communiquer, communiquer et communiquer encore, entre toutes les parties prenantes, afin que tout le monde se sente concerné et ne range pas sagement le papelard dans un tiroir.
(Autre problème classique, mais je vais éviter de m'étendre sur le sujet ou je vais claquer un AVC)
💀 Le blogging est dead... ou pas ?
Aujourd'hui, pour être à la mode sur LinkedIn, vous devez faire deux choses :
1) Dire que vous gagnez 50k par mois (les 10k c'est dépassé, bande de loosers).
2) Clamer que ChatGPT a plié le game de la rédaction, notamment pour les blogs.
Sauf que dans ce dernier cas, bah, p'têt pas encore ; cet article de Marketing Insider s'attache à démontrer en long, en large et par devers que ChatGPT c'est cool comme outil, mais ça ne remplace pas encore la crémière, dont l'expertise est toujours utile pour créer du trafic ou générer des leads.
Alors, même si c'est vrai sur le papier, faudrait que les entreprises l'entendent, et ce n'est pas forcément gagné.
Petite précision dans l'article qui m'a fait plaisir : le blog, c'est avant tout une ligne directe avec votre audience dont l'objectif est de susciter des conversations. Un truc que ne renierait pas Cédric, tiens.
⚰️ ... En fait, p'têt que si, c'est vraiment dead
Allez, on va se faire un chouille peur, même si ce n'est pas encore Halloween : une analyse de 5 millions d’offres freelance parues sur Upwork a conclu que ça puait salement du derche pour les plumes.
Le sujet de l'article concerne les développeurs (comme quoi ils sont toujours vivants malgré les IA, et blablabla - bande de raclures) mais si on zieute le petit graphique, on constate avec un certain effroi que le nombre d'offres dans la rédac' a diminué de plus de 30 %.
Je ne veux pas être alarmiste, hein.
Mais bon, c'est le moment d'assurer ses arrières quand même si vous êtes seulement dans de l'opérationnel pur jus.
👋 D'ailleurs, cette rédactrice s'est faite grand-remplacer, elle
Poursuivons sur d'excellentes nouvelles, si vous êtes d'accord (même si vous ne l'êtes pas, tant pis pour vous).
Olivia Lipkin, une rédactrice basée à San Francisco, a été licenciée après que ses responsables aient commencé à l'appeler "ChatGPT" sur Slack. Ouais, ultra sympa, hein.
Même si ça faisait un moment qu'elle était dans la boîte, le nombre de tâches qui lui étaient assignées a progressivement diminué jusqu'à ce qu'elle soit licenciée en avril sans explication officielle. Plus tard, elle a découvert sur Slack que ses managers avaient papoté du fait qu'il était moins coûteux d'utiliser ChatGPT que de la payer.
Plus loin dans l'article, on apprend aussi qu'un rapport estime que près de 4000 emplois ont été supprimés par l'IA rien qu'au mois de mai 2023.
P'tain, je le savais que j'aurais dû faire thanatopracteur, c'est pas le boulot qui manque là-dedans.
🤮 Quand l'IA générative est entraînée sur de l'IA générative
À votre avis, qu'est-ce qui se passe quand on entraîne une IA sur des données pondues par une autre IA ?
Un bon gros vomito, oui, bingo !
Dans cette passionnante interview (oui, encore une) à trois mains avec deux doctorants de l'université de Rice accompagnés de leur prof, on apprend ainsi que lorsqu'on alimente un modèle d'IA générative avec du contenu produit par une autre IA, des trucs chelous commencent à se produire.
Tout comme les habitants de ce petit village de votre département natal, on assiste à l'émergence d'une véritable consanguinité des données, qui aboutit à des résultats de plus en plus tronqués, insipides et, d'une manière générale, dégolasses.
Les chercheurs ont notamment identifié un phénomène appelé Model Autophagy Disorder ("MAD", quel hasard !), où après seulement cinq cycles d'entraînement sur ce genre de datas, les résultats de l'IA peuvent devenir incohérents voire "exploser".
À titre perso, et comme pointé dans l'article, je suis assez inquiet car on assiste en ce moment sur Google a une sacrée montée en puissance du contenu IA. Qu'est-ce qui va se passer quand les petits bots vont venir bouffer du vomi ?
Sincèrement, j'ai hâte de voir ça histoire de me délecter du malheur de toutes ces boîtes qui misent le paquet sur le tout IA.
⛔ Une amorce de commencement de début pour la vie privée aux States ?
Le Congrès yankee semble se diriger vers un très rare consensus concernant le droit à la vie privée numérique, et rien qu'en lisant cette phrase, on peut déjà se demander si c'est pas un poisson d'avril en retard, mais si si, c'est vrai.
Selon un tweet de Punchbowl News relayé par le Washington Post, les comités du Commerce du Sénat et de l'Énergie et du Commerce de la Chambre sont proches d'un accord pour introduire des normes fédérales de protection des données.
Le projet de loi prévoit notamment des dispositions sur les données que les entreprises peuvent collecter et utiliser, et permettrait même aux individus de poursuivre ces entreprises pour violation de leurs droits à la vie privée. CA-RRÉ-MENT.
Pas d'infos à ce stade sur la date à laquelle le projet de loi sera soumis au vote, ni même s'il sera adopté par les deux chambres, parce qu'il faudrait pas trop déconner non plus.
🧥 Quand tu mets n'importe quoi pour ton nom de boutique
Accrochez votre ceinture parce que là, on va pas faire dans la dentelle. Mettez trois ceintures, même. On sait jamais.
En Asie, et au hasard en Thaïlande, les noms des boutiques de vêtements grande taille sont sacrément salauds - et encore, quel putain d'euphémisme.
Clairement, ça ne passerait pas chez nous, et encore heureux. Nan parce qu'il faut lire les trucs :
Fatty Fatgirl
BeeBeeFat
Sugar Plus
Fat Girls
Chubby Style
Et j'en passe.
On dirait presque des noms générés par ChatGPT.
Il paraît selon un quidam en commentaire que "gros" n'est pas un gros mot en Asie, et qu'il s'agit simplement d'une description objective, pas une insulte. La différence culturelle est quand même rude.
🤔 La Question pas si con
L'argot, ça vous dit quelque chose ? Mais savez-vous d'où ça vient ?
On pourrait le croire relativement récent (19e, dirions-nous, Victor Hugo, tout ça), mais en réalité, c'est beaucoup plus ancien.
En 1680, Richelet le décrivait dans son dictionnaire comme "le langage des gueux et coupeurs de bourse qui s'expliquent d'une manière qui n'est intelligible qu'à ceux de leur cabale".
La première vraie documentation d'un "jargon" de bandit que l'on a, c'est sur le procès des Coquillards au XVe.
Les Coquillards, c'étaient de vils malandrins qui commettaient tout un tas de forfaits, un assemblage d'habitants du coin et d'aventuriers de tout horizon, des Français, des Italiens, des Espagnols, et dont la façon de parler a fourni l'essentiel des premiers recueils d'argot.
Parmi les mots que l'on a retrouvés...
- Crocheteur ("celluy qui scet crocheter serrures")
- Vendengeur ("ung coppeur de bourses")
- Quilles (les jambes)
Bref, l'argot des Coquillards, c'était avant tout un langage secret ; on a d'ailleurs longtemps défini l'argot comme le langage de la pègre, ce qui n'est plus vraiment le cas aujourd'hui, vous en conviendrez.
🦆 Le coin (coin) perso
J'ai une très mauvaise habitude : mes pauses déj' sont très courtes.
Genre une vingtaine de minutes à tout casser - tout juste le temps de s'enfiler un épisode, et je ne compte pas la préparation du déjeuner comme une pause, hein.
Autant l'hiver, ça pourrait se comprendre tranquilou bilou, parce qu'il fait froid, gris et que c'est tout nul d'aller dehors profiter de son jardin, mais au printemps... Y'a pas vraiment d'excuse pour ne pas s'aérer la trombine avant de retourner au turbin.
Du coup, en ce moment, j'essaie de me rattraper en faisant une petite pause au soleil, sur la terrasse de derrière.
Et dernièrement, quelle ne fut pas ma surprise au moment d'ouvrir la porte :
Si je me trompe pas, j'ai donc fait la connaissance d'une magnifique couleuvre, que mes deux chats étaient en train de chasser en bande façon petit blanc lâché dans un ghetto de Détroit.
Je plaide coupable, j'ai quand même davantage craint pour mes débiles de félins que pour la couleuvre ; je l'ai donc attrapée à mains n... pris un manche télescopique à papier peint pour la soulever délicatement par le bidou, avant de la relâcher dans la pampa derrière.
Après ça, je suis retourné direct travailler, parce que j'ai eu mon lot d'aération cérébral pour la journée.
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