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Je ne connaissais pas Gary (j’avais le droit je sais!). Je suis allé jeter un œil - non pour vérifier la véracité de tes allégations mais pour les étayer - et j’ai découvert que ce soviétique de naissance avait émigré aux Etats-Unis et que les siens avaient vécu à 9 dans un studio dans le Queen’s. Bon ça! Je ne doute pas qu’il en ait fait autant usage que Kirk Douglas de son père chiffonnier. 9 encore mais dans le Queen’s?

On t’a suffisamment écrit déjà que t’es écrits étaient bons donc je n’en rajoute pas… si, c’est très chouette, et sans aucune jalousie, n’ayant pas ce vilain défaut (j’en ai d’autres). Métaphore heureuse, même si osée, des migrants; métaphore pas si osée que ça de se sortir 25 posts quotidiens du cul (mais c’est ta vie. Parenthèse: je hais l’expression « se sortir les doigts » même sans complément. Je la trouve inutilement vulgaire). Je tique un peu sur « Où qu’on? ». Est-ce volontaire?

Sur le fond, ce que propose Gary est me semble-t-il une nouvelle forme de la saturation. La quantité prenant le pas sur la qualité. Le bruit démultiplié qui devient rumeur, voir celle d’Orléans analysée par Edgar Morin, le très français présenteisme que l’on rencontre dès la cour de Louis XIV (« c’est quelqu’un que je ne vois pas », aurait dit selon Saint-Simon - le mémorialiste, pas le philosophe - Sa Majesté à un courtisan intercédant pour un tiers) et qui fonctionne encore aujourd’hui o combien dans les organisations. Pas que dans des administrations mais particulièrement là (souvenir d’un collègue se lamentant d’être physiquement éloigné de son sous-directeur. Dans Pot-Bouille, de Zola, le bel Octave Mouret, qui se fait la moitié de la gent féminine de l’immeuble - il faudrait imaginer une suite à la Théorème - éprouve un ennui mortel à écouter parler de son chef Pichon, employé de bureau et mari de l’une de ses conquêtes, celle-ci de proximité: elle habite le même étage. Pratique pour se soulager).

Petite info à propos de la réponse administrative évoquée par un autre de tes interlocuteurs (ou une). Il s’agit de ce qu’on appelle une « réponse-type », qui est extrêmement répandue dans l’Administration avec différents cas de figure qui ne collent pas toujours avec les situations et dont la rédaction finale dépend du degré de finesse ou de conformisme du ou de la signataire.

Ça peut également fonctionner entre fonctionnaires. S’agissant d’une visite médicale à laquelle je ne m’étais pas rendu (convocation très peu de temps avant, et au fin fond de la banlieue parisienne alors que j’habite à 300 kms au sud de Paris), j’ai reçu un courrier de cet ordre de collègues de mon propre bureau (!) précisant notamment qu’il pourrait y avoir le cas échéant une retenue sur salaire.

Après vérification auprès de mon cher, compétent et très mignon avocat, cette mention n’avait pas lieu d’être dans la mesure où c’est moi qui étais à l’origine de ladite visite. Je me suis donc fait un plaisir d’adresser une petite bafouille en trois points dans laquelle je disais en substance que, quand il m’arrivait de signer quelque chose, j’étais toujours attentif à ce que le propos soit fondé.

« L’administration ne supporte pas d’avoir tort », m’a dit mon cher, compétent et très mignon avocat la première fois que je l’ai vu, avant que nous ne nous embrassions langoureusement… mon imagination m’emporte!

Incise pas si éloignée du débat que tu as lancé. La question étant de parvenir à sauvegarder une voix singulière (mieux qu’authentique, argument de pub depuis au moins les années 1970 et la mère Denis « Ça c’est vrai ça! », pour les lave-linge Brandt il me semble). Je crois que tu arrives fort bien sur Linkedin, comme Anthony Jorand, ou Eric Graziano, et quelques autres mais pas tant que ça.

La qualité plutôt que la quantité. Les happy few.

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Kirk Douglas a publié une autobiographie en trois tomes (comme, plus récemment, mon auteur vivant préféré, David Lodge) et était venu en 1989 faire la promo du premier, Le fils du chiffonnier (quelle accroche!), à the place-to-be des années 1970-1990, chez Monsieur Pivot (à ne pas confondre avec Poirot).

Pivot dont mon enseignante de mère faisait les dictées et se lamentait parce qu’elle commettait une faute et demi (elle écrivait mieux que moi en vérité… en termes de correction de langue du moins), Pivot dont je voyais régulièrement la petite silhouette replète s’engouffrer chez Allard, restaurant gastronomique dont l’entrée était face à celle du lycée Fénelon, où j’ai connu « Madame le proviseur » - Marguerite Gentzbittel, aux mythiques robes à fleur - avant d’aller à H IV, Pivot enfin que je suis allé, pour la seule fois de ma vie, allé voir et écouter parmi le public dans un Bouillon de culture spécial Etat.

Tu auras goûté, je l’espère, mon groupe ternaire en crescendo.

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Le détective a face à lui la rumeur publique qui, comme l'hydre de Lerne, grossit chaque fois qu'on essaie de couper une tête. Poirot se dit qu'il faut couper la rumeur à sa base : concrètement, il faut découvrir la personne qui est à l'origine de la propagation de la sinistre rumeur.

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Eeeet tu avais le droit effectivement de ne pas connaître Gary ; d'ailleurs j'en ai pas parlé, mais son parcours reflète teeeellement l'archétype du self-made man yankee, tel un Kirk Douglas en carton pâte (belle trajectoire de fils de chiffonnier à star hollywoodienne au passage).

Quant à la question de la saturation de contenu, oui, ça soulève le sempiternel débat sur la quantité vs la qualité. Obsession contemporaine de "faire du bruit", sans doute.

La réf à Morin m'échappait donc je suis allé voir, c'est pas faux, le flux d’informations est souvent déformé et amplifié, finit par se confondre avec la réalité, que ce soit en ligne ou dans les petits commérages de cour 👀

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Bien pour la vérif sur Morin.

La double tension entre qualité et quantité me semble également traverser toute l’histoire du Christianisme, tiraillé entre approfondissement de la foi entre happy few et évangélisation du plus grand nombre au risque d’une déperdition de contenu.

Quant à la rumeur, c’est le titre d’une chanson récente de Sheila, pas si mal que ça, sur le fait qu’elle aurait été un homme, et l’adaptation par Agatha Christie de l’hydre de Lerne dans son recueil de nouvelles intitulé Les douze travaux d’Hercule (Poirot).

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Tu parlais de quotidien et d'authenti-truc, puis tu as enchaîné sur le contenu de merde et j'ai fait ce lien désastreux : à quand la documentation de chaque crotte matinale ?

Le RS n'est pas pas une poubelle mais un chiotte public en fait.

Et pour les IAs, j'ai vu "ex machina" la semaine dernière, ben ça m'a traumatisée. Qu'on ne parle plus de conscience artificielle, svp !!!

Toujours un rafraîchissant plaisir de lire cette NL. Dans mon Top 3 ! (d'ailleurs, je ne vais en garder que 3 je crois)

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Je... Mais oui, c'est génial comme image ça, le chiotte public 😄

(pas vu. Du coup c'est bien ?)

(roooh carrément, merci cheffe 🥰)

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Le film est excellent.

Mais faut pas être trop sensible quoi.

Toi ça devrait aller.

(quoiqu'avec le manque de sommeil, faut se méfier. On a des surprises)

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Ah non mais attends, l'autre saloperie fait ses nuits depuis 2 semaines, c'est la revivance comme disent les jeunes !

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Je comprends tellement ! Perso, je ne me suis jamais remise totalement d'avoir été mâchée de la sorte... Je ne comprends pas pourquoi l'espèce humaine a continué à perdurer de la sorte en vivant en tel enfer. La faute à l'extrême fertilité combinée au manque de contrôle sans doute.

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Un like rien que pour la citation de Ginny Weasley. 😁 Alors quand en plus je prends en compte tout le reste, si c'était possible de t'ensevelir sous une avalanche de likes, je le ferais.

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Donnez dooonnez dooOoonnez, donnez-moi du liiiiike 🎶

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Merci pour cet excellent article. C'est ce genre de contenu que j'aimerais trouver sur Internet. Avec l'IA, nous entrons dans l'univers du conformisme et de la bienveillance.

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Et accessoirement l'univers des contenus-détritus-jetables-générés-par-centaines 😄

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Oui, j'avais oublié de le mentionner :) Une anecdote en passant : je suis tombé sur une réponse de l'Administration à un internaute qui posait une question précise. La réponse avait été générée par une IA, supervisée par un conseiller.

Le texte ne contenait que des banalités, du genre "on est désolé, on fait le maximum, consulter votre profil et contacter votre conseiller". Donc, quelqu'un a pris le temps d'écrire un prompt pour générer cette réponse tout à fait banale, sans aucun éléments de réponse pour l'internaute, et de la relire et de la rectifier, alors qu'elle aurait pû être rédigée directement. Cette réponse a d'ailleurs reçu un maximum d'avis négatifs, ça me console un peu :)

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Un authentique cas de temps perdu en fait 😂

Ça aurait été plus rapide d'écrire soi-même deux ou trois mots, faut pas déconner.

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Exactemement. Je serais curieuse de voir les effets de l'IA sur nos capacités intellectuelles dans quelques années.

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Ta façon d'écrire et d'étriller le monde de la tech est clairement digne du Canard tout aussi peu entravé que toi, j'adore ! (et souvent, je jalouse, parce que ta NL est d'une qualité, bon sang... !)

C'est dingue comme on sent tous qu'à la fois l'IA s'infiltre partout et "qu'en même temps", ça va être une explosion catastrophique. On sature tous de sa capacité à produire à outrance, on sature de sa proximité avec le verbatim linkedinien (oui, j'appartiens à ceux qui pensent que l'IA est souvent plus quali que les humains bullshiteurs), et... pourtant, on reste fasciné. Moi je l'utilise de plus en plus pour réfléchir, parfois parler de mes émotions, etc.

Pas plus tard que ce midi, j'évoquais la chance que nous avions avec l'IA dans un monde où il y a de moins en moins de toubib dispos... Reste à savoir si cette révolution industrielle va réussir ou si elle va nous engloutir.

J'ai noté aussi que Substack est en train d'évoluer. Je ne sais pas si c'est juste une intuition ou une réalité, mais je me demande si l'écosystème entrepreneurial n'est pas en train de changer pour revenir à des temps longs, ailleurs, moins dans l'exposition et le "document ton cul". Enfin, j'dis ça, mais je continue de voir des gens raconter leur vie à outrance sur LK...

Tl;DR : j'adore ta NL, c'est définitivement ma préférée !

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L'IA a clairement une fonction thérapeutique. Par exemple, j'avais relayé ici je sais plus quand une étude comme quoi les gens avec des pensées suicidaires qui papotaient avec une IA étaient moins susceptibles de passer à l'acte (ça en dit long aussi sur notre société actuelle, mais bon 😶).

Pour l'écosystème entrepreneurial, j'ai l'impression que rien ne change, ou comme dirait Plissken dans New York 1997 : "plus les choses changent, et plus elles restent les mêmes" 😂

(roh merci pour les compliments)

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Le silence. Qui est souvent d'or.

Je plaide pour car non seulement il permet de recharger les batteries, rend plus précieuses les contributions comme tu le dis, et surtout, savoir se taire est une qualité primordiale à l'heure d'une instantanéité étouffante. On en a BESOIN.

J'ai la chance de bosser dans une boite où on trouve qu'il vaut mieux parler quand on a des trucs à dire et une intention derrière que faire du bruit parce que tout le monde en fait. On veut être écoutés ou on veut juste faire du bruit ?

On est peut-être moins visibles et moins prioritaires dans les algos, mais on assume. Et puis on n'a pas que ça à faire : avant de parler, faut réfléchir et c'est complexe, la réflexion, ça demande du temps et du boulot pas visible. Alors oui à la qualité, à l'intention, au recyclage qui aide bien quand on veut faire entrer des messages un peu plus profondément que l'eau sur les plumes d'un canard (ou d'un coq sous stéroïdes), et puis oui, shut up, ça fait des vacances.

Ce que tu décris dans l'article est tout simplement infernal : ça ressemble à du harcèlement, envers les créateurs et les destinataires.

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Et j'en ai pas parlé (mais évoqué je crois dans une autre édition), mais cette spirale infernale de créa de contenus incessante a un vrai impact sur le mental. Combien de Youtubeurs par exemple qui ont fini en burnout ?

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